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Comme l’exige la tradition, nous avions dû ronger notre frein en attendant que nos parents se lèvent. Quand ils nous ont donné le feu vert, nous nous sommes précipités mon frère et moi dans le salon illuminé. Ni lui ni moi (surtout moi d’ailleurs) ne croyons plus au père Noël depuis longtemps, mais nous avons quand même tous deux poussé des Ah ! d’émerveillement à la vue de la montagne de présents au pied du sapin.

La cérémonie de l’ouverture a commencé. Je me suis assise confortablement en tailleur et j’ai procédé avec méthode au déballage, découvrant comme chaque année des surprises tantôt heureuses (comme une ravissante paire de boucles d’oreilles en forme de croissants de lune), tantôt beaucoup moins (comme un dictionnaire d’anglais). Autour de moi, mon frère et mes parents échangeaient exclamations et embrassades. Moi, je restais concentrée. J’ai atteint ainsi rapidement le dernier de mes cadeaux, le plus volumineux.

Le paquet avait une forme rectangulaire. Je l’ai secoué, juste pour voir, et j’ai su instantanément ce qu’il contenait. J’ai arraché fébrilement le papier vert et rouge : génial ! C’était un superbe coffret de magie, d’un beau noir brillant avec des étoiles dorées ! Sur un coin du couvercle, six cartes disposées en éventail attiraient immédiatement le regard. Il y avait :

– un Valet de pique

– une Dame de coeur

– un Roi de trèfle

– un Valet de carreau

– une Dame de trèfle

– et une dernière carte qui tranchait avec les autres.

Cette carte-là était toute blanche, comme si un coup de baguette avait fait disparaître couleur et personnage. J’y ai songé un instant et j’ai trouvé cela curieux.

Pas vous ?

Puis j’ai reporté mon attention sur l’inscription qui s’étalait en lettres de feu au centre du couvercle. L’inscription disait :

DEVIENS UNE VRAIE MAGICIENNE

Nouveau sujet d’étonnement : pourquoi magicienne seulement ? Les tours proposés étaient-ils strictement interdits aux garçons, avec des accessoires composés de foulards roses, de chouchous et de poudriers ? J’ai soulevé le couvercle et jeté un œil. Il n’y avait pourtant rien là-dedans qui ressemblait, même de loin, au contenu du sac à main d’une prétendante au titre de Miss Monde. Au contraire, tous les objets avaient une allure ancienne et rustique, comme s’ils avaient appartenu au sorcier à longue barbe du Seigneur des Anneaux. Même l’odeur qui s’en dégageait confirmait cette impression : une odeur de cuir et de vieux bois.

Je me suis relevée et je suis allée remercier tout le monde, y compris, parce que j’étais de bonne humeur, mon petit frère chéri. J’ai ramassé tous mes cadeaux, puis je me suis empressée de fausser compagnie à tous, histoire d’être la première à pouvoir utiliser la salle de bain.

Après la toilette j’ai mis un point d’honneur à enfiler deux choses que je classais résolument dans les heureuses découvertes de Noël, à savoir d’une part une paire de socquettes rouges et vertes avec des petits bonnets de lutins rigolos, et d’autre part un superbe T-shirt représentant Rihanna coiffée d’un chapeau à paillettes. J’ai pris le temps de m’admirer devant le miroir (avec mes cheveux longs bouclés et mes taches de rousseur, j’étais plutôt fière de mon image), de faire en direction de mon reflet deux ou trois mimiques qui n’étaient pas de mon âge, puis j’ai couru m’enfermer dans ma chambre, où j’avais déposé le gros de mes cadeaux au passage.

C’était la boîte de magie, surtout, qu’il me tardait d’explorer. Je l’ai posée sur mon lit, je me suis assise à côté, puis j’ai entrepris d’en tirer un à un tous les accessoires. Leur aspect me faisait vraiment une impression étrange : ils semblaient si authentiques. Jusque-là, les boîtes que j’avais eues étaient garnies invariablement de bidules bon marché destinés à des gamins et qui ne tenaient jamais le coup. Mais ce coffret-ci, c’était tout autre chose...

Je l’ai repris dans mes mains, intriguée, et j’ai examiné son aspect sous toutes les coutures. Il était constitué non de carton pâte, comme c’est d’habitude le cas, mais d’un métal à la fois solide et léger. Le brillant du noir était rendu par l’application soigneuse d’une couche de peinture vernie. L’inscription Deviens une vraie magicienne n’avait pas été simplement imprimée, mais travaillée en relief. Où mes parents avaient-ils bien pu dénicher un tel cadeau ? 

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Tous droits réservés
(C) 2015-16 Jérémie Cassiopée

Illustration: Marzena Pereida Piwowar

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